[Carte] Le Vietnam à vélo : du delta du Mékong aux rizières du Nord

Lorsque l’on planifie un voyage à vélo, le Vietnam ne vient pas d’emblée à l’esprit. Et pourtant, ce pays débordant d’énergie, aux traditions et à la vie rurale encore fortes, à la gastronomie riche, s’est avéré une destination marquante de notre voyage. A condition de s’aventurer dans les campagnes.

Période : 22 mai – 12 juin 2018 // Distance parcourue : 999 km

Pourquoi pédaler au Vietnam ?


De prime abord, nous redoutions d’entrer dans ce pays à vélo. Nous avions eu vent de routes côtières dangereuses, de klaxons assourdissants, voire de commerçants filous. Rentrés sur nos gardes, par le delta du Mékong, le Vietnam nous a en fait touché en plein cœur.

Le coup de foudre c’est d’abord ses habitants. Des « hellos » sans cesse lancés en direction des voyageurs à vélo. Comme dans beaucoup de pays en Asie du Sud-Est certes. Mais il y a un petit quelque chose en plus dans l’attitude des habitants. Peut-être ces sourires d’une sincérité et d’une générosité désarmantes. Hommes, femmes, enfants, papis, mamies s’empressent de saluer avec entrain. Qu’ils soient dans leur maison, dans leur rizière, sur un hamac, dans une cour d’école… on ne sait plus ou donner de la tête. Nos « TsinXao » provoquent des éclats de rire enjoués et communicatifs.

Et puis, il y a cette atmosphère si particulière. Les champs de rizières à perte de vue. Les chapeaux pointus, loin de tenir du folklore. Ce sont surtout des femmes qui les portent, menant leurs barques sur les fleuves et canaux, pédalant sur de vieilles bicyclettes, tirant des charrettes pleines de fruits et d’herbes aromatiques (une vraie religion ici) ou cuisinant des beignets de riz et de bananes en bord de route. La vie qui s’écoule le long des fleuves. Hanoi et ses multiples ruelles, sa vie de rue foisonnante. En tant que voyageur à vélo à la fibre écolo, il faut le savoir, on vient au Vietnam moins pour sa nature, domptée à outrance voire saccagée, que pour cette vie débordante.

L’état des routes est aléatoire, globalement moyen. Le trafic est souvent dense, mais les possibilités d’emprunter des routes secondaires sont nombreuses. Les klaxons, eux, ne sont pas un mythe, mais cela fait partie du charme ! Point positif, pas de chiens pour croquer les mollets des cyclistes. Ce sont plutôt les humains qui croquent les mollets des toutous ! Le ravitaillement est aisé au Sud comme au Nord.

Pour retrouver nos photos, c’est par ici.

Nos coups de cœur


Au Sud, le delta du Mékong

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De la frontière du Cambodge à la grande Hô-Chi-Minh ou Saigon, au nord du delta, des milliers de chemins serpentent dans les rizières, idéales pour les cyclo-voyageurs. Dans cette région, tout n’est que verdure à perte de vue. Au loin des montagnes massives viennent percer l’horizon. Au détour de l’un de ces nombreux chemins, vous tomberez peut être sur la réserve ornithologique de Tra su dans le district de Tinh Bien. Pédaler au milieu d’une des rares forêts préservée de mangroves et observer la vie de milliers d’oiseaux vaut le détour.

Puis le mythique Mékong se dévoile. Ici, la vie s’écoule au rythme de l’eau, qui irrigue rizières et bassins de lotus, et que maisons et marchés flottants tentent de dompter. On nous a raconté que certains habitants, vivant dans leurs barques-maisons, n’ont pas mis un pied à terre depuis plus de 15 ans ! Can Tho est un bon point de chute pour une balade en bateau sur le fleuve à la découverte de ses marchés flottants, des fabriques de nouilles de riz et des fertiles vergers du Mékong.

Les cafés vong, wifi gratuit et café frappé ©yeswecycle

De retour sur les routes, quand la chaleur se fait écrasante, difficile de résister au charme des « cafés vong ». On y boit son petit noir d’une façon toute vietnamienne : très concentré, passé dans un petit filtre individuel, avec de la glace et un bon kilo de sucre. Cela lui donne un délicieux goût de caramel. On ne le déguste pas attablé à un comptoir, mais lové dans un hamac. Ces café wifi vong (hamac donc) sont littéralement partout. Et il n’y a pas d’heure pour venir s’y alanguir.

Le magnifique lac de Söng Chay au Nord

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Des paysans coiffées des fameux chapeaux coniques travaillant encore les champs de rizières à la main ou à la force de la traction d’un buffle. Des routes calmes. Des maisons traditionnelles sur pilotis en bambou et en bois. Et puis tout à coup surgit ce lac, ponctué de petites résurgences de collines verdoyantes. Voici le type de paysages si l’on s’aventure en dehors de la route principale entre Hanoi à Lao Cai. Pour cela prendre la route traversant les villages de Thac Ba et Ngoi Ta, à l’est du lac Söng Chay. Il est possible de faire une halte dans le village de Vu Linh avec nuit en maison traditionnelle dans une communauté Dao.

L’île de Cat Ba, avec quelques réserves

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On peut y voir les fameux rocs karstiques si caractéristiques de la baie d’Halong. La frénésie touristique en moins. Cat Ba, défigurée par les immeubles, n’est toutefois pas exempte de fréquentation, et fin mai début juin, la ville était saturée de visiteurs. Les prix des chambres grimpant en conséquence. A notre avis, mieux vaut séjourner dans des guesthouse à l’écart de la ville et/ou y aller en basse saison. Une fois ces précautions prises, les tours en bateau pour se balader dans la baie de Hai Lan sont aisés à trouver. Avec le Full moon party hôtel (ne pas prendre peur avec ce nom!) compter 20 euros pour la journée entière avec repas et balade en canoë et une quinzaine de personnes à bord.

En vélo, une excursion sur l’ïle est aussi une option à creuser, mais attention aux mollets, ça grimpe !

Le trajet Hanoi / Cat Ba n’ayant pas grand intérêt, il peut se faire en train (voir plus bas).

Nos conseils


  • Ne pas prendre peur face au bordel ambiant sur la route. Il suffit de s’insérer dans le flux du trafic et se laisser porter. Au final, ce n’est pas si terrible.
  • Se renseigner sur le prix des denrées de base. Certains commerçants ont tendance a appliquer deux tarifs, celui des locaux et celui des touristes… Par exemple, ne payez pas une bouteille d’eau d’1,5 litres plus de 12 000 dongs. En général, tendre un billet de 10 000 dongs avec assurance suffit.
  • Ne pas hésiter à se perdre sur des petites routes de campagne, c’est là que les rencontres les plus sincères se font.
  • Pour le Nord, vérifier les dénivelés. Le Vietnam est un pays à relief qui peut mettre à l’épreuve les cyclistes.
  • Les pho (prononcer feu) sont piégeux, hydratants mais peu nourrissants. En tant que cycliste, il est bon de se fondre dans le rythme culinaire des vietnamiens qui consiste à manger tout le temps !
  • Utiliser Google maps plutôt que Maps.me. Et demander plusieurs fois son chemin. Les vietnamiens préfèrent vous répondre au hasard plutôt que de dire qu’ils ne savent pas.

Et si on a plus envie de pédaler ?


Plusieurs options possibles, mais elles ne sont pas toujours des plus commodes.

  • De Saigon à Hanoi
  • Le bus en soute, on croise les doigts ©yeswecycle
  • Bus de nuit au Vietnam ©yeswecycle

Impossible de prendre ses vélos avec soi dans le train. La seule possibilité est d’envoyer son vélo comme un colis par le fret, il arrive environ 3-4 jours plus tard.

L’autre option, si l’on souhaite garder un oeil sur ses vélos, est de les embarquer dans un bus. Mais là encore, le trajet est long et éprouvant quand on tient un tant soit peu à sa monture… Il faut changer 3 fois de bus, car il n’existe aucune liaison directe. Nous sommes tombés sur des chauffeurs bourrins qui s’étaient par exemple mis en tête de caler un vélo à la verticale dans l’allée du bus en forçant sur le dérailleur. Nous avons aussi dû insister pour que des bagages ne soient pas stockés sur nos deux roues couchés dans la soute. Au final, les vélos sont arrivés en bon état, non sans stress.

  • De Hanoi à l’ile de Cat Ba et de Hanoi à Lao Cai

 

Rien de plus simple. Le train dispose d’un wagon cargo. Il suffit de payer un supplément et des agents, aux petits soins, se chargent de le monter a bord. Il suffit de présenter son ticket à l’arrivée pour récupérer le vélo. Ce système vaut aussi pour la ligne Hanoi – Lao Cai.

Ah oui et au fait !


  • Voici quelques mots indispensables si vous ne voulez pas manger du chien ! Dans le Nord, 90 % des restaurants en proposent. Thit cho signifie : viande de chien. Thit meo : viande de chat. Cho chi veut dire chien chaud.
  • Hanoi est un bon point de base pour demander certains visas. Nous avons obtenu le russe en procédure express en 1 jour et le visa mongol en 4 jours. Cela laisse du temps pour visiter Cat Ba.

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